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Société

Soldes : Un père fait de déchirants adieux à sa famille

Ce matin, 11H30. Jérôme Baroux a le visage sombre. A la veille des soldes d’hiver, il s’apprête à partir au combat. Un rendez-vous annuel qui peut s’avérer aussi rentable que fatal. A moins de 24 heures seulement de l’ouverture des magasins et du terrible rush, Jérôme se tient sur le pas de sa porte. Il fait ses adieux à sa femme et à ses deux enfants. Un moment entre tristesse et responsabilité. Reportage.

Publié le

 mar 


On ne s’en douterait pas, mais devant une petite maison, dans un lotissement d’Evry, se joue une scène déchirante. Celle d’un père retenant ses larmes, serrant ses enfants dans ses bras et embrassant tendrement sa femme. Car Jérôme le sait. Peut-être ne reviendra-t-il jamais de ces soldes d’hiver. Ou peut-être sous la forme d’un corps sans vie.

Mais le père de famille assume son choix : « C’est ma responsabilité de père et de mari. Je dois risquer ma vie pour offrir à ma famille ce qu’il y a de mieux pour elle. S’il faut se battre comme un enragé pour ramener un téléviseur LCD à -40% je le ferai. Mes deux fils (Julien et Florent, 13 et 14 ans respectivement) méritent de regarder leurs films sur grand écran. Ma femme aussi aimerait que je lui ramène un mixeur dernière génération et je ferai tout pour que cela arrive. Tout… »

Il est donc 11H30. L’homme de 41 ans s’apprête à partir, direction le centre commercial d’Evry 2. Il s’y rendra au volant de son Multipla dans lequel il dormira ensuite toute la nuit avant le grand jour. Mais avant de s’envoler, il murmure un tendre mot à l’oreille de Cécile, sa femme : « Ne t’en fais pas. Tout se passera bien. Je l’ai fait les autres années et j’en suis revenu. Demain soir, je serai de retour les bras chargés de micro-ondes et autres lots de couverts à – 30%. » Et sa compagne de lui répondre : « Je sais, je sais…C’est juste qu’à chaque fois que tu pars, je me demande ce que je pourrais bien faire si tu venais à être tué. Mais je suis ta femme. Alors demain soir, je t’attendrai ici-même. Et si je ne te vois pas revenir, alors je regarderai le ciel, et le sourire aux lèvres, je saurai que tu as fait ton devoir »

Un risque élevé

Cécile, aussi fière et rassurante qu’elle tente de paraître, sait pourtant bien que les risques existent. L’année dernière, à Evry 2 toujours, une dizaine de personnes ont trouvé la mort dès l’ouverture des premiers magasins. Décès par piétinement, asphyxie ou simplement bagarre qui dégénère autour d’une machine à laver : les causes sont nombreuses. Un client a même perdu la vie à cause d’un traumatisme crânien alors qu’il se projetait contre le rideau métallique du Darty encore fermé.

Malgré toutes ces histoires, Jérôme quitte finalement les siens aux alentours de midi. Certains diront qu’il est tout simplement stupide, que tout ça n’en vaut évidemment pas la peine, qu’il pourrait très bien continuer à vivre son insipide existence et attendre le 2e jour des soldes. Mais Jérôme s’en moque : il prendra d’assaut le centre commercial dès l’ouverture. Pour lui, pour sa famille.

La Rédaction

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