Culture

Angoulême : pour les blogueurs BD français, la guerre en Syrie n’a pas une horreur assez esthétique

Angoulême – Alors que la guerre civile continue de faire rage en Syrie, loin d’Angoulême, les blogueurs BD peinent à se mobiliser. Pour plusieurs raisons. Éloignement, incompréhension culturelle, absence d’information, mais aussi un problème esthétique vis à vis de la guerre. Reportage.

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Angoulême – Alors que la guerre civile continue de faire rage en Syrie, loin d’Angoulême, les blogueurs BD peinent à se mobiliser. Pour plusieurs raisons. Éloignement, incompréhension culturelle, absence d’information, mais aussi un problème esthétique vis à vis de la guerre. Reportage.

Difficile de faire passer un message

Juliette a 21 ans. Depuis 4 ans, elle tient son blog de bandes dessinées consacré à son quotidien, son chat, son petit ami et son travail. Un blog suivi quotidiennement par plus de 2 000 visiteurs. Mais sur ses pages, aucune allusion ou référence à la guerre civile en Syrie. Face à la presse, la jeune auteure peine à s’expliquer. « C’est très compliqué. J’ai parfois hésité à en parler, mais je ne pense pas que mes lecteurs soient prêts en fait. Pourtant, dans un épisode, mon chat Kiki a un dialogue qui condamne très fermement ce qui se passe mais je ne veux pas politiser mon travail ».

Un avis partagé par Romuald, 25 ans. Lors du tsunami au Japon en 2011, il s’était mobilisé avec beaucoup d’autres blogueurs et auteurs de bandes dessinées pour aider le Japon, en dessinant de très nombreuses planches. Mais rien sur la guerre en Syrie. Pourquoi ?
« J’avoue que je ne sais rien de la Syrie. On en parle assez peu aux informations, alors la situation ne doit pas être si terrible qu’on le prétend. Et culturellement, cela ne pèse pas beaucoup. Je n’ai jamais vu un stand « Syrie » à la Japan Expo par exemple. Nous, les geeks, sommes des passionnés mais nous ne connaissons pas forcément tous les pays d’Asie. Peut-être que celui-ci mérite d’être mieux connu ? Je ne sais pas ».

Mais le fond, c’est que Romuald se sent limité par la représentation de la guerre. « C’est très difficile à mettre en images. Tous ces corps d’enfants, de vieillards, pulvérisés par les bombardements. C’est très compliqué esthétiquement pour le lecteur. Peut-être sous forme de manga, alors là on pourrait intéresser nos lecteurs, encore que » a-t-il tenté d’expliquer à la presse.

Le Gorafi

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