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La stupidité rendrait plus accro que la cocaïne ou le sucre

Voici une découverte qui pourrait bien changer notre regard sur l’addiction. Une étude suisse menée durant 3 ans sur des milliers de cobayes vient de mettre à jour une nouvelle addiction dont on ignorait tout jusque là. Après l’alcool, le tabac ou même le sucre, c’est au tour de la stupidité de faire son entrée dans le cercle très fermé des produits entraînant une dépendance aussi bien psychique que physiologique. Et une dépendance qui ne serait pas des moindres puisque qu’elle serait même plus forte que celle entraînée par les drogues classiques.

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Arthur Minassian est endocrinologue spécialisé dans les mécanismes de la dépendance : « Il s’agit là d’une drogue qui agit de manière classique mais avec une force bien plus grande. Les biologistes suisses qui ont mené cette étude sur plus de 3000 volontaires ont remarqué que les propos stupides, à l’instar des drogues les plus dures, viennent activer le « système de récompense » qui crée un sentiment éphémère de satisfaction ou de plaisir. Mais cette impression n’étant que temporaire, les gens stupides recherchent en toute logique à reproduire cette sensation une fois le manque revenu.»

Cette sensation de manque est, selon Arthur Minassian, encore plus forte que dans les cas d’addictions dites classiques : « Le plaisir éprouvé après avoir fait preuve de stupidité est 4 à 5 fois plus grand que celui provoqué par la prise de drogues comme la cocaïne ou de produits alimentaires addictifs comme le sucre. Le manque qui en découle est de fait plus fort lui aussi. La personne stupide se retrouvant ainsi encore plus vite prisonnière d’un cercle vicieux.»

Le Dr Minassian est ferme sur les solutions possibles. Pour ceux qui seraient addict aux pensées, paroles ou actes stupides, et qui souhaiteraient s’en sortir, le processus à accomplir est le même que pour un toxicomane conventionnel : « La première étape consiste à admettre qu’il y a bien un problème. Le déni de stupidité est quasi systématique chez les personnes vraiment dépendantes. Il est donc indispensable de commencer toute démarche en prenant conscience de sa propre stupidité. »

Prendre conscience, ne pas se voiler la face. Un premier pas avant de combattre cette addiction qui toucherait dans les faits des millions de Français. Arthur Minassian parle d’une maladie qui fait des ravages mais qui n’est pas une fatalité : « On peut lutter contre la dépendance à la stupidité. Pour cela je conseille personnellement de réduire ses prises de parole, ses prises de position, garder le silence quand on pense qu’on a quelque chose à dire. Se renseigner de manière minutieuse si malgré tout on souhaite vraiment s’exprimer sur tel ou tel sujet. Enfin, essayer si possible de s’entourer d’amis plus intelligents que soi pour créer une sorte d’émulation collective, un cercle vertueux. »

Drogue Info Service saturé d’appels

Mathias Aligre est porte-parole de Drogues Info Service*, le service téléphonique qui dispense information et soutien aux toxicomanes de l’Hexagone: « L’addiction à la stupidité devient de plus en plus présente dans le cadre du service que nous proposons. Nous traitions déjà la question depuis quelques mois mais depuis la sortie de cette étude, on reçoit des centaines d’appels de gens stupides qui nous demandent des renseignements sur leur dépendance. »

Un vague de questions et d’interrogations difficile à gérer comme le souligne Mathias Aligre: « Toute la difficulté pour nous avec ce type d’addiction est de faire comprendre à des gens accros à leur stupidité pourquoi ils sont devenus stupides et comment ils peuvent s’en sortir. Mais comme ils sont de fait stupides, ils ont de sérieuses difficultés à comprendre. C’est un travail de pédagogie de tous les instants. »

La Rédaction

*  Drogues Info Service: 0 800 23 13 13
Illustration: IStock / Eraxion

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