Au delà du Périphérique

5 fruits et légumes/jour : hospitalisation d’un enfant ayant mangé 2 pastèques et 3 citrouilles

YERVILLE – Cyril, 11 ans, est à l’hôpital depuis huit jours suite à l’ingurgitation de deux pastèques et trois citrouilles. Ses parents ne comprennent pas, ils avaient pourtant respecté les recommandations du ministère de la Santé pour l’alimentation de leur fils. Les « cinq fruits et légumes par jour », retour sur un slogan trompeur.

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Pourtant bien ancré dans la conscience collective, il semblerait que le message du ministère de la Santé soit trouble. En effet, cinq fruits et légumes par jour, mais lesquels ? Un haricot vert, un brin de persil, une banane, une noix de coco et un petit pois, quels sont ces fameux fruits et légumes qu’on nous incite à manger cinq fois par jour ? « Avant je pensais que cinq framboises ça suffisait, mais ma belle sœur m’a dit qu’en fait non, il fallait alterner avec des ananas et des potirons par exemple » déclare la mère du petit Cyril.

Cette dernière tente dans la foulée de rappeler que sa responsabilité dans cette affaire n’est que minime : « Comment voulez-vous que je sache moi qu’il fallait pas donner deux pastèques et trois citrouilles au petit ? 2+3=5, j’ai pas dépassé la limite, en plus j’ai choisi ceux qui étaient riches en eau à cause de la canicule. Sans compter l’ambiguïté de l’avocat et de la tomate, on sait même pas si c’est un fruit ou un légume. Franchement, ça aurait pu arriver à d’autres, ce message de l’État c’est tout et n’importe quoi ! »

Interrogé par la rédaction, le ministère de la Santé botte en touche et rappelle que l’APRIFEL (Agence Pour la Recherche et l’Information en Fruits et Légumes frais) avait pour mission à sa création en 1981 de promouvoir la consommation de quinze fruits et légumes frais par jour. Le Docteur Drénot, diabétologue à l’hôpital Cochin à Paris explique : « Je ne sais pas quels « experts » ont pu préconiser quinze fruits et légumes journaliers, peut-être les experts à Miami, mais certainement pas le comité d’experts médicaux des hôpitaux. Je me souviens, à cette époque, les urgences étaient combles : des cas de diarrhées aiguës, des nourrissons qui avaient ingurgité quinze pommes de terre, des bananes coincées dans l’œsophage… Vous imaginez les ravages que peut engendrer un message du ministère de la Santé quand il n’a pas été validé et confirmé par des professionnels compétents ? »

Le Docteur Drénot explique également ce type de drame en soulignant une certaine naïveté des consommateurs : « Les gens ont tendance à faire confiance lorsqu’il s’agit de leur santé et lorsque le message vient de l’État. Quinze fruits et légumes par jour, sans indiquer la quantité en grammes, c’est criminel ! Alors aujourd’hui, autant vous dire qu’avec cinq fruits et légumes par jour, on est bien plus tranquilles. Nous avons encore quelques cas comme celui de cet enfant dans le Pays de Caux qui a avalé plus de seize kilos de pastèque et de citrouille, mais cela reste exceptionnel. »

Comme le rappelle le Docteur Drénot, lorsque l’État indique cinq fruits et légumes, c’est bien cinq portions de 80 grammes de fruits et légumes, soit 400 grammes, et non cinq fruits et légumes à l’unité. Le diabétologue nous met par ailleurs en garde contre la surconsommation de fruits riches en fructose, ce sucre mal métabolisé par l’organisme et nocif pour la santé dont font partie les ananas, les oranges, les bananes, les raisins, les abricots, les pêches, les nectarines et tous les fruits rouges.

Du côté des légumes, il est vivement conseillé d’éviter tous les féculents ainsi que les légumes verts qui contiennent de fortes quantités d’amidon qui se changent en glucose au contact de la salive. Heureusement aucune limite sur les salsifis, le chou de Bruxelles, le topinambour, la groseille à maquereau, les endives, le cœur de palmier – pourvu que vous ne mangiez pas le tronc dans son entier – et le navet. De quoi se faire de bonnes salades pleines de santé cet été !

Afin d’éviter toute indigestion, il est utile de rappeler que les cinq fruits et légumes par jour ne sont qu’une recommandation du ministère de la Santé et qu’il est important d’écouter son corps. Ne forcez jamais votre enfant à manger plus que d’envie en période de forte chaleur. Caler à la troisième pastèque n’est pas un drame si vous arrivez à trouver les oligo-éléments nécessaires à votre capital légumes les jours qui suivent.

La Rédaction
Illustration: Istock / skynesher

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