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Monde Libre

Yémen : les enfants désormais autorisés à divorcer

SANAA – Le progrès avance. Depuis 1990 et son unification, la République de la péninsule arabe est tristement célèbre pour ses mariages forcés et souvent avec de très jeunes enfants. Mais une page dans l’histoire des droits de l’homme du pays vient de se tourner semble t-il.

Publié le

 mar 


SANAA – Le progrès avance. Depuis 1990 et son unification, la République de la péninsule arabe est tristement célèbre pour ses mariages forcés et souvent avec de très jeunes enfants. Mais une page dans l’histoire des droits de l’homme du pays vient de se tourner semble t-il.

Le fruit d’années de lutte

La loi a été votée dans la nuit de lundi à mardi par le parlement yéménite après des heures de débats. Et c’est de justesse que le texte a été adopté puisque tout juste 151 parlementaires sur 301 ont voté pour.

C’est la ministre yéménite des droits de l’homme, Houria Machhour qui est à l’origine de ce changement et qui a porté cette loi jusqu’au bout. Au lendemain de cette victoire, la femme politique savoure modestement son succès : « C’est un grand jour pour notre société. Se marier quand on est une jeune fille entre 5 ou 15 ans c’est déjà très dur à vivre. Mais si en plus on n’a pas la possibilité de mettre fin à cette union civile quand on ne s’y sent pas bien, ça c’était une injustice tout simplement intolérable. »

Cette volonté de fer n’est sans doute pas sans relation avec l’affaire de la petite Rawan, 8 ans, qui avait émue la communauté internationale mi-septembre. Au moment des faits, Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne s’était indignée. Aujourd’hui, la britannique se réjouit de la loi passée au Yémen : « C’est une véritable avancée en matière de liberté et de progrès. » a-t-elle déclaré.

Ce nouveau droit au divorce pour les filles yéménites a toutefois suscité l’ire de nombreux leaders religieux très attachés à cette tradition : « Avec cette aberration, ce sont les bases mêmes du Yémen que l’on remet en cause. Cela va détruire des milliers de couples forcés, de familles forcées. On risque de se retrouver dans des situations absurdes où nos filles vont être obligées de se marier à des hommes plus vieux mais pourront divorcer aussitôt fait. Ça n’a pas de sens. » se révolte le grand imam de Sanaa Ali Muhammad Saleh.

Un précédent signe

Avec ce droit de divorce accordé aux mineurs, c’est donc un nouveau visage que présente le Yémen désormais. En 2010, une affaire laissait entrevoir le changement de taille actuel. Nojoud, une fillette de 10 ans devenait la 1ère yéménite  à obtenir le divorce de manière exceptionnelle après avoir été abusée par son mari de vingt ans son aîné. Une chance dont vont pouvoir profiter désormais toutes les jeunes filles du pays.

Enfin, l’ONG Human Right Watch, appelle à transformer l’essai par la voix de son porte-parole : « C’est bien mais il faut aller plus loin et instaurer également le droit pour les jeunes femmes mariées de force de ne pas aimer leur mari. Jusque là elles sont obligées d’exprimer un semblant d’affection pour leur conjoint. Il faut donc mettre fin à ça et leur laisser la liberté soit de divorcer soit de détester l’homme avec qui elles sont comme c’est le cas dans les pays occidentaux. »

La Rédaction

Illustration: iStcok / coddy

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