Au delà du Périphérique

Un couple enfin libre après avoir été séquestré pendant plus de vingt ans par ses deux enfants

C’est toute une ville qui est sous le choc. La gendarmerie de la commune de Mimizan dans les Landes a annoncé ce matin avoir libéré un couple qui était prisonnier de ses deux enfants depuis plus de vingt ans dans la maison familiale.

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Irène et Florent profitent depuis quelques jours de leur liberté retrouvée. Le couple a vécu un véritable enfer, sous les ordres de ses deux enfants qui avaient pris peu à peu le rôle de geôliers. Le calvaire qui a duré exactement 25 ans a pris fin avec le départ des deux rejetons du domicile familial. Dans le village, tout le monde déclare ne rien avoir deviné du drame qui était en train de se jouer sous les yeux de tous.

La mère de famille raconte les premières années avec leur lot de contraintes, premiers signes de ce qui deviendra une prise d’otage sans fin. « On a senti comme une légère baisse de liberté dès les premières semaines qui ont suivi la naissance de notre premier enfant », explique Irène « mais jamais je n’aurais pensé que ça prendrait une telle ampleur », précise t-elle. Les deux enfants terribles mettent alors en place dès leurs premiers mois un système leur permettant de vivre aux crochets de leurs parents. « Il fallait se lever la nuit, les nourrir quand ils avaient faim, les habiller, les occuper… », révèle le père de famille.

Florent explique que les deux enfants passent à la vitesse supérieure avec l’apparition de la parole pour asseoir leur domination. « Dès qu’ils ont pu formuler clairement leurs exigences, nous avons reçu un flot incessant de nouvelles requêtes auxquelles nous ne pouvions nous soustraire ». École, activités sportives ou culturelles, les deux enfants sollicitent de plus en plus leurs parents au point que le quotidien de ces derniers ne s’organise plus qu’en fonction de celui des deux gamins.

Les années passent et Florent et Irène voient s’affirmer toujours plus les sollicitations de leur progéniture avec l’arrivée de l’adolescence. N’ayant plus la moindre minute à eux, les deux parents restent cloîtrés, au service des deux garçons dans la maison de famille, avec comme unique sortie possible les courses hebdomadaires dans un supermarché de la ville. « Nous avons vécu ainsi jusqu’au départ du petit dernier pour l’Université , indique Irène.

Le supplice a pris fin avec l’aide d’un ami de la famille qui a prévenu la gendarmerie après avoir découvert les conditions de vie du couple. « En vingt ans, ces gens n’ont pas pris une seule journée pour souffler un peu », témoigne Gérard, l’ami en question. « Ces deux garçons avaient réussi à transformer leurs parents en vrais laquais obéissant au doigt et à l’œil », ajoute-t-il.

Prendre le temps de se reconstruire

« On va prendre le temps de réapprendre à vivre normalement », déclare Irène qui avoue avoir un petit pincement au cœur en pensant à ses deux enfants qui lui manquent. Une réaction tout à fait normale selon le capitaine de gendarmerie qui a découvert la famille. « On constate souvent un syndrome de Stockholm chez les victimes qui sont restées autant de temps sous l’emprise de leur bourreau », poursuit-il.

Le couple déclare vouloir apporter son témoignage pour que d’autres ne commettent pas les mêmes erreurs ou que ceux qui vivent le même enfer puissent trouver la force de parler. Quand on leur demande ce que sont leurs projets depuis leur retour à la liberté, Irène répond sans hésiter : « une vasectomie, on n’ est jamais trop prudents ».

Illustration : Istock / jpmediainc

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