Medias
De plus en plus de journalistes accros aux sujets sur l’addiction
L’INPES (Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé) a rendu publique ce matin une nouvelle étude sur la dépendance qui devrait faire jaser. En effet, l’enquête, menée sur ces trois dernières années, montre un phénomène nouveau, qui vise directement les médias d’information de l’Hexagone.
L’INPES (Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé) a rendu publique ce matin une nouvelle étude sur la dépendance qui devrait faire jaser. En effet, l’enquête, menée sur ces trois dernières années, montre un phénomène nouveau, qui vise directement les médias d’information de l’Hexagone.
Plus fort que les drogues les plus dures
Alcool, cannabis, jeux d’argent, café, téléphone portable etc… tout semble prétexte à article, reportage ou portrait autour de la dépendance, à en croire l’enquête de l’INPES. « On a constaté depuis 2010 une croissance exponentielle du nombre de sujets autour de l’addiction et ce, quelle que soit la forme de média. » commente Myriam Lubens, qui a chapeauté l’étude en question.
Cette dépendance à ce type précis de problématique, Janice, reporter pour un magazine de consommation de France 5, l’a vécue de plein fouet : « Au début, ça commence avec un reportage sur les personnes accros au cannabis. Puis après on fait un sujet sur les poker addicts. Et là, c’est la chute. On se met à proposer des enquêtes sur les dépendants au thé ou aux smileys. Pour peu qu’on ait un rédacteur en chef peu regardant, il nous envoie réaliser le sujet sur le terrain. » raconte t-elle un mois après le début de son sevrage au Centre d’addictologie des Quatre Villes à Sèvres.
Au coeur de cette dépendance, il y a un fonctionnement biologique bien connu, celui du système de récompense et plus spécifiquement le circuit du plaisir comme l’explique Myriam Lubens: « Ces journalistes font d’abord un sujet sur l’addiction qu’ils apprécient sincèrement, la publication ou la diffusion de leur enquête leur procure un haut degré de satisfaction grâce à un relâchement brutal d’hormones spécifiques. Ils cherchent donc naturellement à retrouver cet effet de bien-être en reproduisant le même schéma et en réalisant de nouveaux sujets sur la dépendance. »
Incompréhension du public
Cette tendance de fond au sein des médias d’information, certains téléspectateurs ne la comprennent pas. C’est le cas de Marine, 29 ans : « Franchement, on commence justement à faire une overdose de tous ces sujets-là. En plus, il y a quoi de mal à être dépendant de quelque chose ? On l’est tous par exemple avec l’air, l’eau ou la nourriture et on n’ en fait pas une montagne. Ce deux poids, deux mesures devient un peu fatiguant. »
La Rédaction
Illustration : iStock / JoseGirarte