Politique
Suite à l’intervention de Nicolas Sarkozy, les juges déclarent un non-lieu et s’excusent pour leur acharnement
L’ancien chef de l’Etat qui s’exprimait simultanément sur TF1 et Europe 1 hier soir aura su trouver les mots pour convaincre.
Au lendemain de cette intervention, les deux juges d’instruction ayant mis en examen Nicolas Sarkozy pour corruption et trafic d’influence se rétractent, déclarent un non-lieu et demandent pardon.
Un engrenage infernal
Chantal Simon et Claire Thépaut, les deux juges en charge de l’affaire, ont fait parvenir un communiqué à l’AFP afin de justifier leur geste. On y apprend que l’interview de Nicolas Sarkozy a été un élément déclencheur dans ce revirement de situation. Des mots sages, respectueux, et sincères qui ont permis une prise de conscience salutaire.
« Nous sommes tombées dans un engrenage infernal, dans lequel Nicolas Sarkozy était le coupable de tous nos problèmes », précisent-elles, avant d’ajouter : « Nous avons compris que nous allions trop loin quand ma collègue a voulu le mettre en examen parce qu’elle ne trouvait pas ses clés de voiture.» Un acharnement que les deux juges regrettent aujourd’hui.
Des pièces d’instruction falsifiées
Plus grave, les deux juges reconnaissent avoir maquillé le dossier d’instruction. Conscientes que personne ne pourrait croire un seul instant qu’un homme politique se serve de son influence pour obtenir des faveurs, Chantal Simon et Claire Thépaut n’ont pas hésité à créer de toutes pièces de fausses écoutes téléphoniques. « Chantal jouait Thierry Herzog et moi j’étais Nicolas Sarkozy. Comme on les imitait plutôt bien, on pouvait leur faire dire n’importe quoi. Il ne restait qu’à verser les enregistrements au dossier d’instruction ni vu ni connu. »
En réalité, Nicolas Sarkozy n’aurait jamais eu d’échanges téléphoniques avec son avocat Thierry Herzog, qu’il a rencontré pour la première fois le jour de sa garde à vue. Autre élément, l’ancien chef de l’Etat ignorait jusqu’en mars 2014 l’existence de la principauté de Monaco. Il lui était donc impossible de trouver un poste à Gilbert Azibert en échange de ses services. Des vérifications simples qui, si elles avaient été faites, auraient permis de mettre en évidence les incohérences des juges.
« Ce sont des choses qui arrivent »
Aussitôt averti, Bertrand Louvel, le premier président de la Cour de cassation a demandé à rencontrer les deux juges d’instruction. Au terme d’un entretien de quelques minutes à la buvette du palais, il déclare : « Il n’y a pas mort d’homme. La justice n’est pas une science exacte. Ce sont des choses regrettables mais qui arrivent. Finalement la chance de monsieur Sarkozy est de ne pas s’appeler Youssef.»
Illustration : Flickr / jastrow75