Société

Drame : à peine installé dans le canapé, il doit se relever pour aller chercher la télécommande

Paris – Lorsque Louis C., 25 ans, rentre fourbu du travail par un jeudi glacé de ce mois de novembre, il fait déjà nuit et la pluie s’insinue à grosse gouttes dans son col et ses chaussures. Depuis qu’il est sorti du métro, il a minutieusement préparé chaque étape de cette soirée peinarde dont il rêve depuis deux semaines.

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Son plan se déroule sans accroc : passage express au Carrefour Market pour acheter ce genre de nourriture trop bonne pour être savourée lorsque ses colocataires sont là, puis lancement immédiat de la cuisson (3 minutes au micro-ondes soit juste le temps de troquer son costume pour un jogging trop court et un inavouable sweat à capuche Quecha), disposition rapide sur un plateau de fortune et direction le canapé. La meilleure place, celle où les ressorts ont commencé à lâcher, permettant de s’enfoncer doucement, mais qui offre encore un maintien tout à fait appréciable.

La commande de la télé est bien là, mais sans celle du décodeur

À 21h tapantes, tout est comme il l’avait imaginé : ses pieds sont sur la table, les trous dans l’opercule de sa barquette de poulet basquaise laissent échapper un fumet enivrant. Autour de lui, les coussins et oreillers réquisitionnés dans toutes les pièces de la maison se dressent tels une muraille duveteuse contre les éléments qui, dehors, se déchaînent contre le carreau. Il voudrait bouger qu’il ne le pourrait pas. Et c’est là que se noue le drame : où est la télécommande ? Celle de la télé est bien là, lovée au creux de sa main fébrile. Mais elle lui sera bien inutile sans celle du décodeur ! En essayant de préserver au mieux sa position, il scrute, remue, fouille l’interstice des canapés. Inspecte le dessous de la table, en prenant garde à ne pas renverser son plateau, qui oscille dans un équilibre de plus en plus précaire.

Son plat refroidit, l’épisode est en train de commencer

Le doute cède progressivement à l’angoisse. Sa nourriture est en train de refroidir, l’épisode a commencé. Il sait qu’il ne supportera pas de devoir se lever pour aller la réchauffer, et encore moins de se contenter d’un visionnage en replay. Et lorsqu’en pliant le poignet à 90° pour farfouiller sous le canapé, il inonde son nid douillet de cherry coke, l’évidence le gifle en plein visage : c’en est fini de sa soirée de seigneur. Louis pousse un hurlement inhumain, avant d’entrer presque aussitôt dans un état catatonique.

Retrouvé deux jours plus tard par ses colocataires rentrés de weekend, il est aussitôt confié aux urgences de l’hôpital George Pompidou, qui affirment n’avoir jamais été confronté à un tel état de désespoir. L’enquête de police a démontré que la télécommande se trouvait bel et bien sous le canapé. « L’enquête devra déterminer si la télécommande était réellement à portée de main, et si ce drame aurait pu être évité », a seulement déclaré Marc Nicolas, en charge de la rééducation du jeune homme.

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