Au delà du Périphérique
Un curé peine à écrire un discours d’enterrement pour le zoophile du village
Givry – c’est un casse-tête qui préoccupe depuis deux jours le père François. Alors que l’enterrement de Jérôme, le zoophile du village, a lieu demain, le curé de la petite paroisse s’inquiète de ne pas réussir à écrire une belle oraison funèbre d’ici là. Reportage.
« En temps normal, j’aurais parlé de pardon, de générosité, mais là c’est un cas particulier…» L’échine courbée sur son bureau, le curé de Givry noircit depuis des jours du papier sans résultat : « Après l’Ave Maria, c’est la page blanche, se lamente-t-il en jetant un nouveau brouillon à la corbeille. Qu’est-ce que vous voulez que je dise de flatteur sur un type pareil ? »
Un soulagement pour la communauté
En effet, Jérôme ne sera pas regretté. Tristement connu à Givry pour s’introduire et sévir dans la basse-cour des fermiers à la nuit tombée, le délinquant s’était attiré les foudres de la communauté il y’a quelques années en abusant du chat de Madame Guibert qu’il était censé garder un été : « sa mort est un vrai soulagement, surtout pour M. Moustache, concède-t-elle. Mais un vrai calvaire pour le père François : qu’est-ce qu’il va pouvoir dire sur ce timbré ? »
Une mort polémique
Les circonstances pour le moins controversées de la mort de Jérôme n’arrangent pas son cas. Jeudi dernier, le délinquant avait en effet été retrouvé inanimé après avoir tenté une ultime fois de forcer Arabesque, le poney de Mr Legrandin, à un rapport qu’il aurait vivement refusé d’un coup de sabot : « Arabesque est encore sous le choc, explique Monsieur Legrandin. Je préférerais donc que le père François évite le sujet aux funérailles. »
Un épisode dont le curé ne souhaite pas faire mention, préférant se concentrer sur les bons souvenirs que le village pourrait conserver de Jérôme : « Il faisait un très bon guacamole, je pourrais parler de ça » note-t-il avant de taper « modèle lettre d’enterrement zoophile » sur Google.