Société
Il se forge une réputation de génie après avoir réussi un tableau croisé dynamique
L’entreprise Sofinco est encore sous le choc. Hier matin, Malo, le nouveau contrôleur de gestion de la petite entreprise du Jura, a réussi un exploit rare en réalisant un tableau croisé dynamique devant tous les employés de l’open space réunis. Une prouesse historique qui en a immédiatement fait la coqueluche de l’entreprise. Récit.
C’est une histoire de bizutage qui aurait pu mal tourner. Ce mardi, alors qu’il s’apprête à partir déjeuner, Malo est hélé par Jean-Patrice et Benjamin, deux collègues de la comptabilité qui décident de « jouer un tour au nouveau » comme le veut la coutume de cette vieille PME jurassienne. « On voulait juste lui faire un peu peur », raconte Jean-Patrice, « Lui montrer qui faisait la loi ici ». « Alors, comme d’habitude, on lui a demandé l’impossible », ajoute Benjamin. « Un tableau croisé dynamique ».
« Venez voir, le nouveau va nous faire un TCD ! »
Désarçonné par cette provocation inattendue, Malo, escorté jusqu’à son bureau, ouvre un document Excel vierge tandis que ses supérieurs se chargent de rassembler les autres employés sur le point de partir déjeuner. « Eh venez voir, le nouveau va nous faire un TCD ! », hurle Jean-Patrice avec un sourire goguenard tandis que Benjamin glisse à l’oreille de Malo : « Bah alors, il paraît que tu maîtrises le pack office ? Qu’est-ce que t’attends pour le prouver ? Vas-y prouve le », ajoute-t-il en lui soufflant dans le cou sensuellement.
« Quel canon ce mec ! »
Nullement décontenancé, Malo s’attelle à l’ouvrage et commence par incrémenter quelques cellules, confiant, avant de multiplier les équations compliquées sous les regards circonspects de ses collègues. « Les chiffres défilaient avec fluidité », raconte un employé. « Il ouvrait un onglet, en refermait un autre, copiait-collait ses formules et enchaînait les recherches V comme s’il avait fait ça toute sa vie. À un moment il a même utilisé une fonction imbriquée ! Quel canon ce mec ! », ajoute-t-il en desserrant son nœud de cravate et en essuyant la buée de ses lunettes.
« Tout le monde s’est mis à hurler, à l’applaudir et à chanter du Patrick Sébastien »
Devant la foule de plus en plus dense s’agglutinant autour de son poste, Malo entreprend alors la dernière manœuvre fébrilement tandis qu’autour de lui tout le monde retient son souffle. « C’est con mais à ce moment même moi j’avais envie d’y croire », raconte Jean-Patrice. 10 secondes plus tard le bon résultat apparaît, devant la foule en délire qui laisse exploser sa joie. Les employés tombent dans les bras l’un de l’autre dans un grand fracas de lunettes qui s’entrechoquent. « C’était formidable, on n’aurait jamais cru assister à ça ! Tout le monde s’est mis à hurler, à l’applaudir et à chanter du Patrick Sébastien ! Certains se sont même déshabillés pour porter Malo en triomphe ! », raconte-t-il encore torse nu, un pénis déguisé sur le front.
Deux jours plus tard, remis de ses émotions, Malo, le héros de l’histoire, a accepté de revenir en quelques mots sur l’événement en question : « En vrai je suis assez content », raconte-t-il soulagé. « C’est toujours chouette de faire bonne impression dans sa nouvelle boîte, surtout quand vous êtes encore en période d’essai », ajoute-t-il avant de concéder qu’il n’était pas sûr de rester. « Les gens sont quand même un peu chelous ici ».