Au delà du Périphérique

Lunel : personne pour l’accueillir à son retour du jihad

Jérémy S., nom de guerre Abou Abdel al Fransi, ne s’attendait pas à ça. De retour du califat après presque deux ans de guerre sainte, le jeune moudjahidin s’attendait à un triomphe et de grandes effusions. Un accueil plutôt froid lui a été réservé.

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Personne à l’aéroport, ni à l’arrêt de bus. Encore moins de cérémonie-surprise au centre-ville. Personne non plus pour l’aider à porter ses sacs de munitions, ni sa grande bannière noire. Tout juste croise-t-il quelques retraités, qui lui font les gros yeux.

Jérémy avait pourtant bien prévenu sa famille par Télégram, la messagerie cryptée. Mais en fait de retrouvailles, c’est son père qui vient le cueillir sur le perron de la maison familiale. Face à la gêne palpable, le jeune homme tente l’humour : « alors, c’est comme ça qu’on accueille les lions du califat, soldats de Dieu, pourfendeurs des mécréants ? ». Las, l’atmosphère se tend d’un cran encore.

« Je pars deux ans combattre les kuffars, et voilà comment on me traite ! »

À l’intérieur, à sa famille rassemblée à contre-cœur, Jérémy dévoile ostensiblement ses cadeaux : un vase mésopotamien pillé dans un musée syrien pour sa mère, un lingot d’or de la banque centrale irakienne pour son père, et même une kalachnikov et trois chargeurs pour son petit frère. Rien n’y fait.

« Je ne comprends pas », confiait hier l’ancien combattant à Rumiyah, le magazine anglophone de Daech. « Je pars deux ans combattre les croisés et les kuffars, trancher la gorge des impies et des idolâtres, et voilà comment on me traite. Ma propre famille ! Et je ne vous parle pas des gens en ville. ».
Dégoûté, le jeune homme aurait entamé des démarches pour repartir faire le jihad au Yémen – à moins que sa famille ne le signale avant aux autorités.

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