Medias
Abonné depuis 3 ans, il n’a toujours pas lu un numéro de Charlie Hebdo
Abonné depuis le 8 janvier 2015, Hervé Clément reçoit chaque semaine dans sa boîte aux lettres le journal satirique. Il a maintenant plus de 150 numéros qu’il conserve précieusement dans un placard, mais n’en a pas lu un seul.
« Après les attentats, pour montrer mon soutien à la liberté d’expression, je me suis abonné à Charlie Hebdo. J’étais « CHARLIE » quoi ! » résume Hervé Clément, ce chef de publicité parisien de 33 ans, à la moustache bien entretenue. « Et puis j’ai reçu les premiers numéros. Les couvertures étaient dégueu. Je connaissais pas comme journal… Je me disais « Bon je les lirai plus tard ». mais je les laissais quand même traîner sur ma table basse. Il fallait que mes invités voient mon engagement. Dans le 9e arrondissement, on est tous de gauche, alors c’était important ».
Hervé continue de les recevoir chez lui, les uns après les autres. Il n’ose pas se désabonner. « Après un an d’abonnement, je me suis posé la question… Mais on m’aurait jugé : se désabonner, c’était soutenir les frères Kouachi ! Non il fallait que je continue ». Les numéros s’accumulent, et Hervé n’ose pas les jeter à la poubelle non plus : « CHARLIE HEBDO sont devenus intouchables, impossible de jeter des numéros à la poubelle ! J’ai dû faire de la place : j’ai enfermé mon chat et tous ses accessoires à la cave, et j’ai pu installer un placard pour garder mes numéros de Charlie ».
Aujourd’hui Hervé croule sous les numéros de CHARLIE HEBDO, et n’en a toujours pas lu un seul, en raison des dessins grossiers que le journal contient : « Je n’ai jamais apprécié la vulgarité, mais je suis pris au piège. Ma seule solution serait qu’ils arrêtent de m’en envoyer. Pitié, arrêtez de m’envoyer ce journal. ». Son appel à l’aide a été envoyé à la rédaction de Charlie Hebdo.