Société
La blague hilarante beaucoup moins drôle quand c’est lui qui la raconte
Après avoir ri aux éclats à la blague de son ami Nico – « aux dernières élections, les américains se sont trumpés » – Lucien, 35 ans, n’avait qu’une hâte : la répéter à son tour pour briller en société. Malheureusement le trait d’esprit, hilarant dans la bouche de son ami, semble perdre tout effet comique lorsque c’est lui qui la raconte, ne provoquant que gêne et regards fuyants partout où il passe. Reportage.
« C’est quand même dingue, ça va être la quinzième personne qui ne la comprend pas ! », s’impatiente-t-il en quittant le cabinet de son dentiste et en rayant un nouveau nom de son carnet. « J’ai beau la placer pile quand tout le monde parle politique, en parlant très fort et en rigolant à l’avance, personne ne suit ! Pourtant c’est marrant, non ? Tromper, trumper… Qu’est-ce qu’il y a de si dur à comprendre ? Je vais rappeler Nico ».
Malgré les conseils de son ami, Lucien se heurte à une incompréhension générale depuis quelques jours alors qu’il multiplie les tentatives pour faire rire de sa blague… En vain. « J’ai essayé avec ma famille, des amis et même au bureau, c’est toujours la même chose : ils disent “Ah… oui” puis ils regardent ailleurs alors que je les fixe intensément. Qu’est-ce qui cloche chez eux ? C’est marrant ! Dites-le vous que c’est marrant ! », s’exaspère-t-il en nous empoignant par le col.
Amateur d’humour depuis toujours, d’Anne Roumanof aux Chevaliers du Fiel en passant par Kev Adams, Lucien refuse pourtant de mettre en cause son sens de l’humour et encore moins celui de son ami Nico. « Si c’était Nico qui vous la racontait, vous verrez vous seriez plié ! C’est mes amis qui ne savent plus rigoler ! Il faut juste que j’élargisse mon champ de recherche », achève-t-il en déambulant dans les rayons de son supermarché en quête d’un nouveau client à qui faire la blague après avoir échoué auprès des deux précédents.