Société
Paris – Avec l’été, les animaux sauvages investissent une ville vidée de ses habitants
La plupart des Parisiens ont quitté la ville ces derniers jours, laissant le champ libre à la Nature. Et comme chaque année, la Nature reprend ses droits. Dans ces conditions, il n’est pas rare de voir ou d’apercevoir les animaux sauvages reconquérir une ville devenue totalement déserte.
« C’est une constante. Dès que l’Homme disparaît, la Nature, qui a horreur du vide, reprend ses droits » explique Cécile Duflot qui nous accompagne. Ainsi, chaque année, plus de 80% des habitants quittent la ville, laissant le champ libre aux animaux sauvages de tous types, qui peuvent alors vagabonder et se réapproprier la ville. « L’été à Paris offre des conditions formidables d’observation des animaux sauvages qui reviennent en nombre. Il n’y a plus personne dans les rues, il n’y a plus de bruit, vous pouvez faire plusieurs centaines de mètres sans rencontrer qui que ce soit » raconte-t-elle. Ainsi, hier, c’est un troupeau de biches qui a été furtivement aperçu, traversant l’esplanade des Invalides, fuyant sans doute un ou plusieurs prédateurs, une esplanade qui commence à être déjà envahie par les herbes folles.
Aux façades des immeubles haussmanniens, les lierres et les plantes grimpantes rivalisent et recouvrent peu à peu la pierre. Ça et là les carcasses d’autobus, temporairement abandonnés par la RATP faute d’usagers, sont déjà recouvertes pour certaines par la mousse et la moisissure, en à peine quelques jours. « D’ici quelques semaines, certaines rues de Paris seront totalement abandonnées. Le spectacle sera impressionnant » explique l’ancienne ministre qui, comme chaque année, a préféré sacrifier ses vacances pour profiter d’un Paris abandonné. On marche ainsi plusieurs heures dans des rues vidées. Certaines voitures sont garées en travers. « Les gens sont tellement pressés de partir en vacances qu’ils abandonnent tout ainsi. Généralement, personne n’y touche » dit-elle.
Seul bémol, le ravitaillement. « Il faut parfois faire plusieurs arrondissements pour trouver de la nourriture fraîche. Mais les troupeaux sont abondants cette année, on peut puiser dedans de manière raisonnable et écologique » dit-elle en ajustant son arc. À quelques mètres de nous, sortant d’un fourré du Square du Temple, un chevreuil hésite, sent l’air. « Il nous a reniflé, nous sommes dans le vent ». Finalement elle range son arc, mais pas déçue. « Il faut être sport ». Un dernier conseil avant de rentrer. « Ne restez pas trop tard dehors la nuit. On dit que la flamme d’une torche les effraie et qu’ils n’attaqueront pas un homme, car il a une stature « debout », mais on n’est jamais trop prudent » dit-elle, exhibant rapidement un pistolet sous sa veste.
Au loin, par dessus la plaine désolée de l’avenue Turbigo, une longue plainte s’élève, suivie d’une autre, puis d’une autre. « Ils sont en avance. Ne tardons pas » souffle-t-elle tandis que l’on remonte dans un pick-up recouvert de treillis, direction l’Hôtel de Ville.
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