Monde Libre
Syrie : l’espérance de vie chute de 75 ans à deux heures et demie
C’est une triste nouvelle annoncée conjointement ce week-end par le ministère de la Santé syrien et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Alors que la longévité des habitants de ce pays en guerre avait connu une nette augmentation ces dernières années, la tendance semble s’être violemment inversée depuis peu. La faute au conflit interne qui ronge la contrée du Moyen-Orient.
« En 2010, la Syrie avait atteint le niveau d’espérance de vie le plus haut jamais enregistré avec 75,7 ans. Mais dès l’année suivante et le début de la guerre civile, la courbe s’est totalement effondrée », se lamente le Dr. Margaret Chan, la patronne de l’OMS.
Car les chiffres, depuis la fin 2011 et le durcissement des affrontements, sont de plus en plus catastrophiques. Alors qu’en mars de la même année, un nouveau né de sexe masculin avait 85% de probabilité de dépasser le cap des 60 ans, un an plus tard, en 2012, ses chances de voir ses vieux jours ont été ni plus ni moins divisées par 1500.
Début 2013, l’espérance de vie des Syriens s’est retrouvée à un seuil critique de deux heures et demie, soit une chute de 75 années et un peu plus de 6 mois par rapport au niveau record d’il y a 3 ans.
Une baisse vertigineuse expliquée par Waël el-Salifi, l’actuel ministre de la Santé sous les ordres de Bachar al-Assad : « Il y a évidemment les conditions générales de vie qui se sont dégradées, notamment l’hygiène et l’accès aux soins. Mais le véritable facteur qui a engendré cette chute de l’espérance de vie, ce sont évidemment les risques de bombardements, de balles perdues ou d’exactions qui sont plus élevés que jamais. »
Jeunes et moins jeunes concernés
Mais le plus étrange dans cette violente chute, c’est que ce dernier niveau de deux heures et demie d’espérance de vie semble toucher tous les Syriens, peu importe leur âge, comme le décrypte Jérôme Oberreit, secrétaire générale de Médecins sans frontières : « Deux heures et demie, c’est a priori le temps de vie moyen d’un nouveau né mais également le temps qu’il reste à vivre pour les autres habitants de la Syrie, qu’ils soient âgés de 50, 60 ou 70 ans. C’est triste à dire mais il semble que face à la guerre, tout le monde soit à la même enseigne. »
La Rédaction