Les Editos
«Faut-il cesser d’utiliser les lettres U, E, N, L et Q pour apaiser le débat ?» par Jean-François Buissière
Le débat houleux qui agite la France depuis plusieurs semaines appelle une réaction saine, réfléchie. Je vois les Français qui s’affrontent, faisant ressurgir les relents d’une haine latente, facile et honteuse. À l’origine de tout cela, l’utilisation de certaines lettres, désormais marquées, portant les stigmates du discrédit. Jusqu’ici, ces lettres n’avaient rien fait de plus que leur humble et silencieux travail linguistique. Maintenant, elles, et le mot qu’elles ont formé, seront à jamais rattachés à ce débat, à cette gestuelle.
Le débat houleux qui agite la France depuis plusieurs semaines appelle une réaction saine, réfléchie. Je vois les Français qui s’affrontent, faisant ressurgir les relents d’une haine latente, facile et honteuse. À l’origine de tout cela, l’utilisation de certaines lettres, désormais marquées, portant les stigmates du discrédit. Jusqu’ici, ces lettres n’avaient rien fait de plus que leur humble et silencieux travail linguistique. Maintenant, elles, et le mot qu’elles ont formé, seront à jamais rattachés à ce débat, à cette gestuelle.
Comment réagir ? Comment calmer ce débat ? Il faut chercher l’apaisement, trouver des solutions. Peut-être que la première des solutions est de réfléchir aux mots et aux lettres que nous utilisons. En nous forçant à y faire attention et en utilisant le moins possible les lettres incriminées, à savoir U, E, N, L et Q, nous leurs donnerons un repos dont elles ont besoin. Nos oreilles seront moins blessées par leur récurrence. Elles se feront de fait oublier. Et ceux-là même qui les usent à tort ou à raison, ne pourront plus les utiliser pour créer leur mot honni.
Certes, cela sera sans doute difficile dans un premier temps, les lettres U, E, N, L et Q sont souvent utilisées dans le langage courant. Une simple lecture des paragraphes précédents nous montrera à quel point nous en sommes presque otages, servitude volontaire de la linguistique. Réussir à s’en passer ne se fera pas du premier coup, cela va sans dire. Plusieurs semaines seront nécessaires. L’apaisement est à ce prix. Mais nous apprendrons, nous montrerons que nous pouvons dépasser cela et mettre fin à cette polémique.
C’est cela que je demande à M. le Ministre de l’Intérieur. Point d’interdiction de spectacles ! Il faut frapper à la base, dans la linguistique, la sémantique. Privé de ses lettres fétiches, l’impétrant se devra de trouver un autre mot, inventer d’autres combinaisons de lettres pour arriver à la création ex-nihilo ou à la reprise d’un mot déjà existant. Un autre mot prendra la relève ? Qu’importe, nous bannirons les autres lettres. Nous bannirons toutes les autres lettres s’il le faut.
Jean-François Buissière est président du Directoire du Gorafi News Network