Société
L’homme qui apportait les croissants au bureau lundi battu en popularité par celui qui apporte des pains au chocolat
TOULOUSE – C’est un retournement de situation sans précédent pour Maxime Rainier, ingénieur à Airbus, connu dans tout l’étage de son département comme “l’homme qui apporte les croissants le lundi matin”. Lorsqu’il arrive ce matin, il constate avec stupeur que son rival de toujours, Patrick Dormeau du service marketing, l’a devancé avec un chargement complet de pains au chocolat, accaparant l’attention tant convoitée de ses collègues. Retour sur les faits.
Il est 8h10 lorsque Maxime débarque au bureau en sifflotant le tube “Don’t worry be happy” de Bobby McFerrin. Lorsqu’il sort de l’ascenseur, il propose des croissants à plusieurs collaborateurs et s’aperçoit avec surprise que ceux-ci déclinent, comme s’ils étaient déjà rassasiés. Très vite, le jeune cadre comprend que quelque chose de terrible se passe. D’un pas fébrile, il entre dans la salle de pause, et découvre avec horreur Patrick, devant la machine à café, entouré des collègues les plus cool de l’étage, narrant la fin d’une histoire drôle à laquelle l’audience hilare, galvanisée par le charisme de l’orateur, rit aux éclats et à l’unisson. Puis Patrick d’ajouter en présentant le plateau qu’il tient en main : “Quelqu’un reprendra un pain au chocolat?”.
Sentant une colère millénaire monter en lui, Maxime prend son courage à deux mains et tente une percée dans le groupe : “Qui veut des croissants? Ils sortent du four!”. Malheureusement, chou blanc pour l’homme aux viennoiseries beurrées. S’en suit un silence pesant de ses collègues, dont les refus exprimés à mi-voix s’abattent avec violence sur Maxime comme une vengeance divine s’abat sur la Terre des mortels.
“Ecoute, tu as eu ta chance Maxime, n’en fais pas trop…” lui suggère alors Patrick, posant sa main sur son épaule dans un geste mêlant compassion et domination, avant de se retourner vers la foule de ses sujets pour lancer avec énergie : “Qui veut aller au Laser Tag ce weekend?”. La meute enjouée s’éloigne alors de Maxime, le laissant seul dans la pièce, son plateau de croissants intact dans la main.
Aux dernières nouvelles, Patrick recevait une promotion et devenait le parrain du fils d’Éric, le directeur des stocks, tandis que Maxime engouffrait, devant l’écran terne de son ordinateur, son 12ème croissant au beurre, préparant dans l’ombre la terrible revanche qu’il allait prendre sur Patrick.