Société
Il adaptait ses convictions politiques en fonction des gens avec qui il dînait
Thomas Rouan, rédacteur free-lance dans la région parisienne, a trouvé la parade pour passer d’agréables soirées entre amis. À six mois de l’élection présidentielle, le jeune homme de 31 ans a pris le parti d’épouser spontanément les convictions politiques des autres convives pour ne pas créer de vagues et qu’on l’aime.
“C’est un peu comme quand le chauffeur de taxi est raciste, je hoche la tête en silence et je répète “m’en parlez pas”, c’est plus simple », explique t-il en épinglant un badge EELV à son blouson avant de rejoindre un groupe d’amis intermittents du spectacle. “J’ai pris une bouteille de vin biodynamique et j’ai révisé quelques citations de Sandrine Rousseau, j’espère que ça suffira” confie-t-il fébrile en composant le digicode.
Un mode de vie éreintant pour celui qui vient d’une famille bourgeoise traditionnellement ancrée à droite. “Hier j’ai passé le déjeuner à insulter Anne Hidalgo, j’ai dit “Annie Dingo” ça fait rire mon père… Mais demain au boulot il faudra que je me souvienne que je suis plutôt pour les 30km/h dans Paris. Je travaille avec des jeunes qui n’ont pas encore de voiture », se justifie-t-il en surlignant une fiche Bristol sur laquelle il a cartographié les orientations de chacun.
Et de conclure “Le plus dur c’est quand je me retrouve à dîner deux fois avec la même personne dans des groupes différents. Le pire serait que quelqu’un me demande mon avis, ce serait un véritable cauchemar.”
Image par Tim Bigger de Pixabay