Les Editos
« Marseille : la preuve que le Parti socialiste peut remporter une élection » par Alain Minc
Alain Minc nous propose d’analyser avec un œil neuf cette première victoire socialiste dans un scrutin local avec des en jeux nationaux.
On a beaucoup glosé sur les échecs relatifs du Parti socialiste ces derniers mois. Entre un exécutif qui se cherche, et des électeurs déstabilisés par des décisions qu’ils jugent de nature contraire à l’esprit de la gauche, le scrutin de cette élection, locale certes mais centrale, était attendu. Regardons de plus près dans quelle mesure cette élection change la donne sur le plan politique.
Un électorat socialiste mobilisé
Au premier abord, l’électorat socialiste s’est mobilisé (plus de 24 000 votants socialistes) et a placé son candidat en tête face à tous les autres, au premier et au second tour. Il n’y a pas eu non plus de candidatures dispersées, ni possibilité de triangulaires. Le Parti socialiste s’évite ainsi un second Brignoles ou Villeneuve-sur-Lot qui aurait été incroyablement dommageable. En resserrant les possibilités de candidatures, le PS s’est offert un boulevard pour cette élection. L’attitude est peut-être critiquable. Mais seul l’électeur est juge. Et l’électeur n’a pas jugé bon de sanctionner cette attitude que certains à droite n’ont pas hésité à qualifier de relativement fermée et sectaire.
Oui le Parti socialiste peut remporter des élections
Cette victoire met fin à une très longue série noire, qui a commencé avec le début du quinquennat et qui n’est pas sans rappeler l’autre série noire que l’UMP a connu en son temps. Pour le PS, c’est une fin et un début. Désormais, le parti sait qu’il peut remporter d’autres victoires décisives et, pourquoi pas, face à d’autres candidats issus d’autres formations politiques, dans des systèmes de choix qui seraient laissés à la seule volonté de personnes inscrites sur des listes, pour l’essentiel des citoyens résidents dans des communes ou des arrondissements délimités, ces consultations pouvant être organisées alors dans un cadre national ou local.
D’autres victoires possibles
On peut d’ores et déjà l’annoncer : la victoire du PS à Marseille en annonce d’autres, de plus ou moins grande envergure, dans d’autres scrutins. Faut-il conserver ce mode de scrutin, qui a semble-t-il favorisé le parti de la majorité ? Certains vont dans ce sens, affirmant qu’au contraire, le PS a réussi à contrecarrer une opposition totalement muselée. C’est la grande force de ce scrutin, on a très peu ou pas du tout vu les autres candidats de l’opposition durant cette élection. Ont-ils estimé qu’ils n’étaient pas concernés ? Dans tous les cas, les électeurs ne s’y sont pas trompés et ont donné un blanc-seing à la mandature socialiste.
Après un très long et dur week-end, François Hollande et sa majorité peuvent désormais souffler et apprécier à sa juste valeur toute la portée symbolique de cette victoire.
Alain Minc
Alain Minc est essayiste, conseiller et économiste